C’est en novembre 2010 que l’aventure de « A l’école de la Francophonie » a démarré. Partant du constat selon lequel les méthodes de français langue étrangère (FLE) actuellement disponibles sur le marché ne sont pas réellement adaptées au jeune public laotien qui se reconnaît mal dans les décors et situations proposés, nous avons tenté de concevoir une méthode plus apte à susciter l’intérêt et la motivation des apprenants asiatiques. Nous avons pour cela imaginé un scénario d’apprentissage qui prendrait la forme d’un dessin animé interactif et qui s’inscrirait dans une approche de l’enseignement/apprentissage à la fois plus ludique et plus moderne.
Notre démarche, largement « artisanale » au sens où l’entend Nicolas Guichon dans son ouvrage sur les langues et les TICE (2006, p. 23), a été le point de départ d’une réflexion pédagogique originale qui a rassemblé pendant une année une trentaine d’experts de l’enseignement et du FLE, issus de 18 établissements répartis dans les 9 pays partenaires du projet (Laos, Cambodge, Vietnam, Inde, France, Sénégal, Canada, Brésil et Pérou). Cette réflexion a débouché sur une application multimédia destinée à l’enseignement du FLE aux enfants de 8 à 12 ans, application qui sera disponible en ligne à la fin de l’été 2012.
Le projet « A l’école de la Francophonie » étant destiné à améliorer les compétences de notre public cible, il convient de s’interroger sur l’efficacité potentielle de cette future application numérique eu égard aux différentes théories qui ont été produites sur l’apprentissage et sur les dispositifs multimédias comme outils de médiation pour l’apprentissage des langues. Bien qu’elle intervienne tardivement dans le processus de conception de l’application, cette analyse devrait néanmoins être utile et nous permettre, si besoin est, de réorienter et/ou de compléter le projet pour en corriger les failles.
En ce sens, ce travail est une contribution théorique et méthodologique à l’enseignement médiatisé du FLE aux enfants de 8 à 12 ans. Il vise à étudier la valeur ajoutée qu’un dispositif d’enseignement/apprentissage médiatisé peut apporter à un enseignement classique à partir d’un exemple, celui de l’outil mis en place dans le cadre du projet « A l’école de la Francophonie ». Il s’agira donc de porter un regard critique sur l’application qui est en cours de réalisation et d’en analyser les points forts et faibles.
Selon Muriel Grobois (2006, p. 12) « élaborer un didacticiel, aussi peu ambitieux soit-il, ne peut se réduire à de l’empirisme ou de l’intuition et suppose, entre autres, d’examiner les théories d’apprentissage sous-jacentes. ». Il convient d’admettre que c’est là notre premier point faible puisque notre approche est jusqu’ici restée largement empirique et ne repose que sur une théorie didactique implicite largement fondée sur diverses constatations effectuées sur le terrain. Pour autant, faut-il considérer qu’une démarche qui met l’accent sur le produit fini plutôt que sur la production d’hypothèses et leur vérification est nécessairement fautive ? Si nous nous plaçons en effet en tant que praticiens avant de nous présenter en tant que théoriciens, précisons néanmoins que le cadre théorique a toutefois pu faire l’objet d’une intégration et d’une intériorisation par l’ensemble des membres des équipes pédagogiques qui sont tous des spécialistes du FLE et/ou de l’enseignement aux enfants sur divers terrains.
Nous essaierons tout au long de cette étude de voir comment le scénario d’apprentissage du projet « A l’école de la Francophonie » interroge le schéma d’acquisition d’une langue étrangère par les enfants.
Dans un premier temps, la connaissance des théories linguistique et psychologique de l’apprentissage notamment du point de vue de l’acquisition des langues étrangères par les enfants nous amènera à émettre des hypothèses et recommandations pour la mise en place d’un dispositif d’enseignement/apprentissage médiatisé.
Nous verrons ensuite quelles modalités pédagogiques ont été privilégiées dans le cadre de la réalisation du scénario d’apprentissage de « A l’école de la Francophonie » et tenterons d’analyser la démarche de mise en œuvre du projet.
Enfin, nous nous interrogerons sur la façon dont le projet peut être complété et/ou réorienté afin de répondre le mieux possible aux recommandations qui ont été émises à la lumière des différents apports théoriques.
Pour télécharger et lire ce rapport, cliquez sur le lien suivant : D0CZ0_Memoire_Emilie_Viret_2012